Taille texte


Espace lettres


Espace mots


Espace lignes

Alcools réunit en ce début de XX siècle des poésies où l’exploration de la langue s’associe à la poursuite de thèmes récurrents : la fuite du temps et la fascination pour l’automne, « saison mentale », l’amour et ses mystères douloureux, mais aussi des explorations plus surprenantes comme des images de la ville et de sa modernité ou des variations sur des figures mythologiques fondatrices, comme Orphée, Hermès trismégiste, ou Amphion.

« Nuit Rhénane » introduit une série de neuf poésies réunies sous le titre Rhénanes, datée par le poète de cette indication : septembre 1901-mai 1902. Toutes sont inspirées d’un séjour en Allemagne, effectué par Apollinaire entre 1901 et 1903, comme précepteur privé, où il apprendra à aimer la contrée et ses mythes au charme puissant. L’importance de cette série est telle qu’il a songé publier un recueil sous le titre Le Vent du Rhin. Le projet ne voit pas le jour, mais Apollinaire offre une place particulière à ces poésies, par la présence de cette section qui leur est consacrée dans Alcools.


Texte : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1083760/f111.double.shift
Eau-forte : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52508499c/f27.item.r=Apollinaire%20le%20pont%20mirabeau

1
Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
 
Écoutez la chanson lente d'un batelier
 
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
 
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds

5
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
 
Que je n'entende plus le chant du batelier
 
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
 
Au regard immobile aux nattes repliées

9
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
 
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
 
La voix chante toujours à en râle-mourir
 
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été

13
Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire


Guillaume Apollinaire
Alcools, Rhénanes, « Nuit Rhénane » 
1913