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Madame de La Fayette a fait le choix de situer son roman au XVIe siècle : La Princesse de Clèves est un roman historique mettant en scène Madame de Clèves, jeune femme partagée entre l'amour de son mari le prince de Clèves et l'attirance pour un autre homme, le duc de Nemours. L'histoire se déroule sous le règne d'Henri II et de son successeur François.

La fille de Madame de Chartres a épousé le Prince de Clèves sans être aucunement amoureuse de lui. Sa rencontre avec le Duc de Nemours fait naître un amour intense et interdit. Alors que Madame de Chartres vit ses dernières heures, elle demande une dernière entrevue avec sa fille, afin de la prier de ne pas céder à cet amour coupable naissant. Ces dernières paroles correspondent au motif littéraire de l’ultima verba.


http://passerelles.bnf.fr/grand/pas_969.htm : lien vers une édition rare.
http://classes.bnf.fr/essentiels/grand/ess_1421.htm : lettres de Madame de Sévigné.
http://classes.bnf.fr/portrait/litterature/index.htm : le portrait en littérature.

« Il faut nous quitter, ma fille, lui dit-elle, en lui tendant la main ; le péril où je vous laisse et le besoin que vous avez de moi augmentent le déplaisir que j’ai de vous quitter. Vous avez de l’inclination pour M. de Nemours : je ne vous demande point de me l’avouer ; je ne suis plus en état de me servir de votre sincérité pour vous conduire. Il y a déjà longtemps que je me suis aperçue de cette inclination ; mais je ne vous en ai pas voulu parler d’abord, de peur de vous en faire apercevoir vous-même. Vous ne la connaissez que trop présentement : vous êtes sur le bord du précipice ; il faut de grands efforts et de grandes violences pour vous retenir. Songez ce que vous devez à votre mari, songez ce que vous vous devez à vous-même, et pensez que vous allez perdre cette réputation que vous vous êtes acquise, et que je vous ai tant souhaitée. Ayez de la force et du courage, ma fille ; retirez-vous de la cour, obligez votre mari de vous emmener, ne craignez point de prendre des partis trop rudes et trop difficiles ; quelque affreux qu’ils vous paraissent d’abord, ils seront plus doux dans les suites que les malheurs d’une galanterie. Si d’autres raisons que celles de la vertu et de votre devoir vous pouvaient obliger à ce que je souhaite, je vous dirais que, si quelque chose était capable de troubler le bonheur que j’espère en sortant de ce monde, ce serait de vous voir tomber comme les autres femmes : mais, si ce malheur vous doit arriver, je reçois la mort avec joie, pour n’en être pas le témoin. »
Madame de Clèves fondait en larmes sur la main de sa mère, qu’elle tenait serrée entre les siennes ; et madame de Chartres se sentant touchée elle-même :
« Adieu, ma fille, lui dit-elle, finissons une conversation qui nous attendrit trop l’une et l’autre, et souvenez-vous, si vous pouvez, de tout ce que je viens de vous dire. »

Marie-Madeleine de La Fayette
La Princesse de Clèves, Première partie « La mort de Madame de Chartres »
1678