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En 1555 parait le recueil de poèmes Élégies et sonnets, attribué à la poétesse humaniste Louise Labé mais peut-être écrit par un groupe de poètes de L’Ecole de Lyon auquel elle appartient, dont l’objectif est de mettre en valeur la langue française en composant sur les mêmes thèmes, comme la passion amoureuse. Lyon est à l’époque, par sa situation géographique, une ville très importante économiquement et culturellement, jouant un rôle de passerelle avec l’Humanisme italien. Le recueil propose vingt-quatre sonnets et trois élégies autour des sentiments amoureux et de la passion, influencé d’un côté par la poésie italienne qui remet au goût du jour la poésie amoureuse, et de l’autre par le mouvement humaniste qui redécouvre des textes de l’Antiquité.

« Je vis, je meurs » est le sonnet VIII du recueil, sans doute le plus célèbre. Il évoque les troubles de la passion amoureuse. Forme et sujet sont inspirés de Pétrarque, un poète italien du XIVe, mais l’auteur parvient à se les approprier avec force et originalité.


Portrait et présentation de Louise Labé : http://passerelles.bnf.fr/faits/pas_981.php
Pour lire le sonnet dans la langue du XVIe : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k44874/f107.image

1
Je vis, je meurs : je me brûle et me noie.
 
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
 
La vie m’est et trop molle et trop dure.
 
J’ai grands ennuis entremêlés de joie :

5
Tout à un coup je ris et je larmoie,
 
Et en plaisir maint grief tourment j’endure :
 
Mon bien s’en va, et à jamais il dure :
 
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

9
Ainsi Amour inconstamment me mène :
 
Et quand je pense avoir plus de douleur,
 
Sans y penser je me trouve hors de peine.

12
Puis quand je crois ma joie être certaine,
 
Et être au haut de mon désiré heur,
 
Il me remet en mon premier malheur.


Louise Labé
Sonnets, Sonnet VIII « Je vis, je meurs… »
1556