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Huysmans, marqué par le romantisme mais séparé de lui par sa volonté de décrire des univers étriqués et la réalité du monde, compose des nouvelles naturalistes dont la particularité est de mettre en leur centre des personnages dans une quête chevaleresque inversée : ce sont des êtres fictifs gouvernés par des besoins assez frustres qu’ils imaginent d’ailleurs sans les réaliser. La structure du récit est déceptive : le temps y paraît immuable et l’énigme qui compose d’ordinaire le récit littéraire ne trouve pas de solution, positive ou négative.
« À vau-l’eau » est le portrait de Jean Folantin, un célibataire, employé de bureau, un homme qui a des rêves de grandeur et d’élévation mais qui ne parvient qu’à être un personnage falot sans relief et dont la mélancolie est liée au découragement et à un sentiment d’échec. Ses faibles moyens l’empêchent de sortir du nouveau Paris haussmannien et d’accéder à ses ambitions mais comme les personnages zoliens, il est surtout incapable de lutter : il se laisse aller et cette attitude explique le titre de la nouvelle. Pleinement conscient de sa médiocrité, il attend en vain quelque événement qui le délivrera de son dégoût du monde.