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1831 est une période révolutionnaire, d’agitations politiques, mais dans Les Feuilles d’automne, Victor Hugo choisit d’écrire des poèmes intimistes et mélancoliques dans lesquels il évoque son passé et son enfance. Dans sa préface, il décrit ce recueil comme « un volume de pauvres vers désintéressés, des vers sereins et paisibles, des vers comme tout le monde en fait ou en rêve, des vers de la famille, du foyer domestique, de la vie privée ; des vers de l’intérieur de l’âme ».

« Soleils couchants » regroupe six poèmes autour du thème de la fuite du temps ; ils proposent une description de la nature et du ciel, associée à une réflexion sur la nature humaine. « Le soleil s’est couché... » est le sixième et dernier poème de cet ensemble.


Texte : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8617131w/f345.vertical
Gravure : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k406192m/f2.item

1
Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées ;
 
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
 
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
 
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !

5
Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
 
Sur la face des mers, sur la face des monts,
 
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
 
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.

9
Et la face des eaux, et le front des montagnes,
 
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
 
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
 
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.

13
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
 
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
 
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
 
Sans que rien manque au monde, immense et radieux !


Victor Hugo
Les Feuilles d'automne, « Soleils couchants » 
1831