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Marqué initialement par le symbolisme, Apollinaire gagne le mouvement des surréalistes et devient l’ami des peintres de l’avant-garde comme Braque ou Picasso. Précepteur en Allemagne, il est fasciné par les légendes allemandes qui lui permettent de lier mythe et réalité dans les contes, poèmes et articles qu’il publie dans la Revue blanche.

Le poème fait partie des neuf chansons qui forment la section « Rhénanes » du recueil Alcools et qui sont directement inspirés du voyage du poète en Rhénanie. Pendant ce séjour débutent ses amours avec Annie Playden, une jeune gouvernante anglaise qui finira par le fuir en partant en Amérique. Le poète mentionne « Mai 1902 » dans sa première publication du texte (1905) ce qui en indique le caractère autobiographique. Sa particularité est de suggérer son état d’âme en créant un paysage en contrepoint.


Manuscrit autographe http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52505641f/f55.image

1
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
 
Des dames regardaient du haut de la montagne
 
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
 
Qui donc a fait pleurer les saules riverains

5
Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
 
Les pétales tombés des cerisiers de mai
 
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée
 
Les pétales flétris sont comme ses paupières

9
Sur le chemin du bord du fleuve lentement
 
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
 
Suivaient une roulotte traînée par un âne
 
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
 
Sur un fifre lointain un air de régiment

14
Le mai le joli mai a paré les ruines
 
De lierre de vigne vierge et de rosiers
 
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
 
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes


Guillaume Apollinaire
Alcools, Rhénanes, « Mai » 
1913