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Joachim Du Bellay s’inscrit dans la tradition poétique du blason qui connaît un essor important durant le XVIe siècle en poésie. Le blason s’apparente à un poème visant à faire l’éloge d’une ou plusieurs parties constituant un élément choisi ; en poésie, il s’agira souvent d’un sujet lyrique féminin. Du Bellay, issu du Collège de Coqueret régi par Jean Dorat, ainsi associé à la Pléiade, rédige ce sonnet qui imite le style clémentin (en référence à Clément Marot) en se détachant cependant des modèles poétiques liés à l’art du blason.

Ce quatre-vingt-onzième sonnet se situe dans un petit groupement de pièces qui mettent en lumière la coquetterie outrancière des femmes latines qui y sont peintes. Le sonnet quatre-vingt-dix, qui est une adresse à un certain Bouju, va ainsi présenter le sujet lyrique des poèmes à venir. Le quatre-vingt-douzième, « En mille crespillons les cheveux se friser […] » se place ainsi dans la mouvance thématique et satirique du poème étudié.


autres poèmes des Regrets ou l’Olive. https://www.google.fr/#q=Du+bellay+bnf

1
Ô beaux cheveux d'argent mignonnement retors !
 
Ô front crêpe et serein ! et vous, face dorée !
 
Ô beaux yeux de cristal ! ô grand bouche honorée,
 
Qui d'un large repli retrousses tes deux bords!

5
Ô belles dents d'ébène ! ô précieux trésors,
 
Qui faites d'un seul ris toute âme enamourée!
 
Ô gorge damasquine en cent plis figurée!
 
Et vous, beaux grands tétins, dignes d'un si beau corps !

9
Ô beaux ongles dorés ! ô main courte et grassette !
 
Ô cuisse délicate ! et vous, jambe grossette,
 
Et ce que je ne puis honnêtement nommer !

12
Ô beau corps transparent ! ô beaux membres de glace !
 
Ô divines beautés ! pardonnez-moi, de grâce,
 
Si, pour être mortel, je ne vous ose aimer.


Joachim Du Bellay
Les Regrets, Sonnet LCVI « Ô beaux cheveux d’argent mignonnement retors ! »
1556