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Conçue comme un roman d’apprentissage, l’œuvre reprend à son compte le récit qu’a fait une jeune femme de ses mésaventures, une quarantaine d’années plus tôt. Héroïne de condition modeste mais dotée d’une certaine grandeur morale qui lui fait préférer la vertu à la galanterie, elle est soumise aux aléas de la fortune et aux désirs des autres plus que des siens. Très jeune, elle devient orpheline, sa mère trouvant la mort lors de l’attaque de leur diligence par des brigands ; ensuite celle qui la recueille décède, accablée de dettes, la laissant à nouveau sans aide à quinze ans. Son troisième mentor, M. de Climal qu’elle a rencontré par hasard et qui a veillé sur elle comme un amant et un père à la fois, la prive d’un appui puissant en mourant accidentellement. Ses sentiments pour son neveu, Valville, un libertin qui a promis aussi le mariage à une autre jeune fille, mettent à mal sa fierté et elle trouvera refuge auprès de religieuses éprouvées comme elle par les inégalités sociales que doit subir une jeune femme au XVIIIe s.

La première rencontre avec son amant a lieu à l’église et c’est en sortant parée des habits neufs que lui a offert Climal, son protecteur, mais troublée par Valville, qu’elle manque d’être renversée par un carrosse. Son sauveur n’est autre que celui qu’elle aime déjà.


Françoise Rubellin parle de La Vie de Marianne http://gallica.bnf.fr/essentiels/video/francoise-rubellin-parle-vie-marianne

« On s’ennuie de tout, mon Ange, c’est une Loi de la Nature ; ce n’est pas ma faute.
Si donc je m’ennuie aujourd’hui d’une aventure qui m’a occupé entièrement depuis quatre mortels mois, ce n’est pas ma faute.
Si, par exemple, j’ai eu juste autant d’amour que toi de vertu, et c’est sûrement beaucoup dire, il n’est pas étonnant que l’un ait fini en même temps que l’autre. Ce n’est pas ma faute.
Il suit de là, que depuis quelque temps je t’ai trompée : mais aussi, ton impitoyable tendresse m’y forçait en quelque sorte ! Ce n’est pas ma faute.
Aujourd’hui, une femme que j’aime éperdument exige que je te sacrifie. Ce n’est pas ma faute.
Je sens bien que voilà une belle occasion de crier au parjure : mais si la Nature n’a accordé aux hommes que la constance, tandis qu’elle donnait aux femmes l’obstination, ce n’est pas ma faute.
Crois-moi, choisis un autre Amant, comme j’ai fait une autre Maîtresse. Ce conseil est bon, très bon ; si tu le trouves mauvais, ce n’est pas ma faute.
Adieu, mon Ange, je t’ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret : je te reviendrai peut-être. Ainsi va le monde. Ce n’est pas ma faute. »

Marivaux
La Vie de Marianne, IIème Partie 
1742