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Marqué initialement par le symbolisme, Apollinaire gagne le mouvement des surréalistes et devient l’ami des peintres de l’avant-garde comme Braque ou Picasso. Précepteur en Allemagne, il est fasciné par les légendes allemandes qui lui permettent de lier mythe et réalité dans les contes, poèmes et articles qu’il publie dans la Revue blanche.

La date de composition remonterait à 1902, époque à laquelle le poète amoureux faisait une cour délicate et assidue à une jeune gouvernante anglaise, Annie Playden. L’année précédente, tous deux avaient suivi la vicomtesse Elinor de Milhau et sa fille en Rhénanie, en tant que gouvernante et précepteur.


Texte : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1083760/f35.item
Eau-forte : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52508499c/f11.item.r=Apollinaire%20le%20pont%20mirabeau

1
Le pré est vénéneux mais joli en automne
 
Les vaches y paissant
 
Lentement s’empoisonnent
 
Le colchique couleur de cerne et de lilas
 
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
 
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
 
Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne

8
Les enfants de l’ école viennent avec fracas
 
Vêtus de hoquetons et jouant de l’ harmonica
 
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
 
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
 
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

13
Le gardien du troupeau chante tout doucement
 
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
 
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l’ automne


Guillaume Apollinaire
Alcools , « Les Colchiques » 
1913