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Jules Verne a écrit environ quatre-vingts romans et on peut le considérer comme le précurseur du genre de la science-fiction. Ses romans d’aventures paraissent visionnaires et envisagent un futur qui pourrait se produire. Il connaît un grand succès avec son premier roman Cinq semaines en ballon. Il a créé une série de romans qu’il a classés dans ses Voyages extraordinaires. Ce livre raconte l'histoire d'un scientifique, le Professeur Lidenbrock, accompagné de son neveu Axel, qui découvrent un mystérieux parchemin signé d'un certain Arne Saknussemm qui devrait les mener jusqu’au centre de la Terre.

Cet extrait se situe au début du roman. Axel, son oncle et Hans ont préparé minutieusement leur périple. L’équipe, qui s’est agrandie d’un guide islandais, entreprend la descente vers l’objectif recherché. Ils ont emprunté les galeries d’une mine désaffectée.


https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8600259v/f15.image

La descente recommença cette fois par la nouvelle galerie. Hans marchait en avant, selon son habitude. Nous n’avions pas fait cent pas, que le professeur, promenant sa lampe le long des murailles, s’écriait :
« Voilà les terrains primitifs ! nous sommes dans la bonne voie, marchons ! marchons ! »
Lorsque la terre se refroidit peu à peu aux premiers jours du monde, la diminution de son volume produisit dans l’écorce des dislocations, des ruptures, des retraits, des fendilles. Le couloir actuel était une fissure de ce genre, par laquelle s’épanchait autrefois le granit éruptif. Ses mille détours formaient un inextricable labyrinthe à travers le sol primordial.
À mesure que nous descendions, la succession des couches composant le terrain primitif apparaissait avec plus de netteté. La science géologique considère ce terrain primitif comme la base de l’écorce minérale, et elle a reconnu qu’il se compose de trois couches différentes, les schistes, les gneiss, les micaschistes, reposant sur cette roche inébranlable qu’on appelle le granit.
Or, jamais minéralogistes ne s’étaient rencontrés dans des circonstances aussi merveilleuses pour étudier la nature sur place. Ce que la sonde, machine inintelligente et brutale, ne pouvait rapporter à la surface du globe de sa texture interne, nous allions l’étudier de nos yeux, le toucher de nos mains.
À travers l’étage des schistes, colorés de belles nuances vertes, serpentaient des filons métalliques de cuivre, de manganèse avec quelques traces de platine et d’or. Je songeais à ces richesses enfouies dans les entrailles du globe et dont l’avide humanité n’aura jamais la jouissance ! Ces trésors, les bouleversements des premiers jours les ont enterrés à de telles profondeurs, que ni la pioche, ni le pic ne sauront les arracher à leur tombeau.

Jules Verne
Voyage au centre de la terre, Chapitre XXII (sur XLV) (Descente vers le centre de la terre)
1864