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Le XIX° siècle a beau voir triompher l’ère industrielle, assurer à la classe bourgeoise la suprématie, et à l’Argent-Roi un règne sans partage – il laisse les poètes dubitatifs ; ils préfèrent la méditation, le lyrisme, le spleen ou la mélancolie, la poésie pure, ou le symbolisme. Le siècle finit par inventer la figure du poète maudit, inutile à la société. Mais le poète tiré à part se venge par la critique, l’ironie, la satire ou la caricature : à la société, le poète peut dire « Zut » comme Rimbaud (Album zutique) ou faire rimer « verde » et « … » comme Verlaine (« A A. Duvigneaux », in Dédicaces, LXXVI). Les Poèmes saturniens de Verlaine sont surtout des rêveries mélancoliques. Un poème pourtant fait entendre une tonalité différente.
Paul Verlaine a dix-neuf ans quand il publie son premier poème « Monsieur Prudhomme ». Il s’inspire d’un personnage-type apparu en 1830 dans Scènes populaires, dessinées à la plume, qui a souvent reparu ensuite : Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme (1852), Mémoires de Monsieur Joseph Prudhomme (recueil de dessins, 1857), Monsieur Prudhomme chef des brigands (1860). Selon Honoré de Balzac, ce personnage sot, grassouillet, conformiste et sentencieux est « l’illustre type des bourgeois de Paris ». Verlaine s’inscrit dans cette tradition. Ce personnage inspirera encore au XX° siècle : Sacha Guitry, Monsieur Prudhomme a-t-il vécu ? (1931) et André Franquin avec le maire de Champignac dans la série de bande dessinée Spirou et Fantasio (1950).
Poème de VERLAINE :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71276f/f83.double
Silhouette de Monsieur Prudhomme par Henry MONNIER :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205051v/f91.item.r=Le%20Rentier%20Monnier
Comment fut formé le type de Monsieur Prudhomme :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205051v/f137.double.r=Le%20Rentier%20Monnier