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Ce roman sentimental et épistolaire de 163 lettres est une réécriture du mythe d’Abélard et Héloïse empêchés dans leur amour par le statut de moine du jeune homme. Il est l’occasion pour Rousseau d’évoquer ses propres amours avec Sophie d’Houtetot au travers de celles d’une jeune femme, Julie d’Étanges condamnée à faire un mariage de raison alors qu’elle s’est éprise de Saint-Preux, un jeune précepteur qui appartient à une classe sociale inférieure. Il donne à voir, non pas le triomphe de la raison et de la vertu sur les passions comme le voudrait le moralisme du roman, mais la grandeur et le sens du sacrifice pour la satisfaction d’une société. Les Romantiques ont considéré Rousseau comme le précurseur du romantisme par son traitement du sentiment et de la nature. Il rejoint aussi les utopistes [de Thomas More à Bernardin de Saint-Pierre] qui [X] croient en un homme bon, capable d’ériger une petite communauté vivant dans l’harmonie et la sagesse, le partage et l’équilibre.
Dans une lettre adressée à son ami Milord Edouard Bornston, Saint-Preux confie la peine qui fut la sienne lors de ses retrouvailles avec celle qui se fait appeler désormais Mme de Wolmar et qui fut autrefois sa maîtresse. Il y relate une promenade en barque et décrit les tourments qui l’assaillent en parcourant des lieux chers à son cœur. Il exprime d’une certaine manière cette seconde séparation qu’il vit avec Julie : alors même qu’elle est là, elle est plus distante de lui qu’elle ne l’a jamais été. Les lettres ne peuvent changer la réalité cruelle, celle d’une femme mariée à un autre.