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Pierre de Ronsard (1524-1585) avec Joachim du Bellay et d’autres poètes de la Renaissance forme la Pléiade. Descendant d’une noble famille vendômoise mais contraint de renoncer à une carrière militaire à cause d’une semi-surdité, il consacre sa vie à la poésie. A Paris, dans le Quartier latin, Dorat enseigne à ses élèves, dont Ronsard, les grands textes latins et grecs qu’il leur fait traduire. Ils découvrent aussi Pétrarque, le grand poète et humaniste italien. Les poètes de la Pléiade désirent élever la langue française à la hauteur des chefs d’œuvre de l’Antiquité et de la Renaissance italienne. Reconnu comme le grand poète de l’amour avec Les Amours (1553), Continuation des Amours (1555) et les Sonnets pour Hélène, (1578), Ronsard met aussi son talent au service du roi Charles IX avec Les Hymnes et devient le « prince des poètes et poète des Princes ».

Alors que Les Amours sont exclusivement dédiés à Cassandre, la Continuation des Amours, sans pour autant oublier cette dernière, sont écrits en l’honneur de Marie, une jolie paysanne angevine. Ronsard s’éloigne de la poésie pétrarquiste et adopte un style plus simple, un « style bas ». Les quatre sonnets numérotés de 7 à 10 commencent par le prénom « Marie » dans lesquels le poète, en l’apostrophant, lui demande de l’aimer (7), évoque sa jalousie vis-à-vis de Cassandre (8) et décrit sa beauté (8 et 10).

1
Marie, vous avez la joue aussi vermeille
 
Qu' une rose de mai, vous avez les cheveux
 
Entre bruns et châtains, frisés de mille noeuds,
 
Gentement tortillés tout autour de l'oreille.

5
Quand vous étiez petite, une mignarde abeille
 
Sur vos lèvres forma son nectar savoureux,
 
Amour laissa ses traits en vos yeux rigoureux,
 
Pithon vous fit la voix à nulle autre pareille.

9
Vous avez les tétins comme deux monts de lait,
 
Qui pommellent ainsi qu' au printemps nouvelet
 
Pommellent deux boutons que leur châsse environne.

12
De Junon sont vos bras, des Grâces votre sein,
 
Vous avez de l'Aurore et le front, et la main,
 
Mais vous avez le cœur d'une fière lionne.


Pierre de Ronsard
Second Livre des AmoursLes Amours de Marie « Marie, vous avez la joue aussi vermeille »
1555